C'est fin 1951 après la disparition des revues Cobra, et Rixes qu'il avait créees, que le poète et critique Edouard Jaguer a l'idée, avec sa femme Anne Éthuin et quelques artistes, de créer une nouvelle " structure d'accueil " aussi souple que possible et ouverte aux artistes de tous pays.
Georges Hénein qui s'était associé à ce projet lui écrit du Caire le 7 janvier 1952 à ce propos : " Je souhaite que la revue soit celle d'un certain désordre qui donne à croire que tout est loin d'être dit; qu'elle devienne la plaque irradiante qui pourrait rendre le monde sensible. Peu importe que ce soit là l'affaire d'une chance sur un million. "
L'année suivante, le titre de PHASES est choisi et apposé en février sur le catalogue de l'exposition d'ALECHINSKY et TAJIRI à Amsterdam, avec le texte par Christian Dotremont L'ARBRE ET L'ARME et des dessins de Jacques HEROLD et de Wilfredo LAM.
Après maints retards, la décision est prise de lancer le premier numéro dans le cadre d'une exposition chez Paul Facchetti, regroupant vingt peintres et sculpteurs, la plupart encore inconnus du public parisien. Au demeurant, cette manifestation, en raison de son caractère "surréaliste" pour les uns, "expérimental" pour les autres, sera fraîchement accueillie par la critique des journaux de l'époque, tant officielle que "progressiste. Au cours des dix-huit années qui suivront, les même feuilltonnistes se dépatiront d'ailleurs rarement de leur hostilité, lorsqu'ils n'appliqueront pas purement et simplement la fameuse "consigne du silence".
Bien qu'ouverte à la poésie, Phases est résolument tournée vers la jeune peinture abstraite et le surréalisme d'après-guerre, prenant vite les dimensions de tout un mouvement. Plusieurs numéros de la revue sont d'ailleurs édités à l'occasion de quelques unes des nombreuses expositions collectives, comme en 1955 à la galerie Creuze à Paris (n°2) et au Stedelijk Museum d'Amsterdam en 1957 (n°4).

Petr Kral dans le DICTIONNAIRE DU SURREALISME analyse ainsi PHASES : " Sensible aux apports de courant aussi divers que Cobra, la peinture des automatistes canadiens ou celle des imaginistes suédois, ce mouvement n'en jouera pas moins, à travers son éclectisme même, un rôle singulier et autonome . une conception large de la modernité leur permet de rechercher celle-ci, avec une curiosité peu commune, à travers tout l'art moderne sans distinction d'époque ou de lieu ".
Au fils des ans, les manifestations du groupe dont rend écho la revue se multiplient comme à Milan ou à Mexico, assurant à Jaguer et ses amis une audience internationale. Dans son sillage naîtront d'ailleurs plusieurs publications ayant la même ligne, comme Il Gesto à Milan, Salamender à Malmö, Boa en Argentine ou Edda à Bruxelles.
En Belgique où Phases s'implante dès 1956 sous l'impulsion du peintre et poète Jacques Lacomblez, sont organisées deux expositions au musée d'Ixelles (Bruxelles) en 1964 puis en 1974 et une autre au musée de Mons intitulée « Phases belgiques - courant continu » en 1990.
Si PHASES cesse de paraître en 1976 - par manque d'abonnés - le groupe n'en reste pas moins très actif, organisant une centaine d'expositions et autant de publications dans le monde.
La disparition le 9 mai 2006 d'Edouard Jaguer est considérée par certains comme la vraie fin de l'aventure.

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